Festival Terres du Son #10 - Jour 1 (11/07/14) - YAOF Design - Studio de communication
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Festival Terres du Son #10 – Jour 1 (11/07/14)

Festival Terres du Son #10 – Jour 1 (11/07/14)

En arrivant à Terres du Son, on mène un peu la vie de château : dans un cadre bucolique à souhait, on laisse le carrosse sur le vaste parking du festival pour suivre, à pieds, l’allée menant au château de Candé.

Dès l’entrée, on se croirait dans une version moderne d’une cour de château médiéval, avec son foisonnement d’activités, et on se prend au jeu à flâner entre les stands de sensibilisation, les expositions, la prévention, les animations, jeux et petites scènes. Devant le château pittoresque, on s’arrête profiter de la vue, boire un thé, un smoothie, ou grignoter des spécialités culinaires à l’un des appétissants stands de restauration. Tout en dégustant des plats tourangeaux, on apprécie de découvrir d’autres spécialités locales, musicales celles-ci, sur la petite scène dédiée aux groupes du cru.

Enfin ça c’est ce qu’on aurait fait si une petite pluie fine mais persistante ne s’était pas abattue méthodiquement sur Monts, gâchant l’attrait et le charme indéniable de ce village gratuit. Le temps de parcourir le vaste domaine, et Ayo s’est déjà emparée de la scène Ginkgo avec beaucoup de plaisir et une bonne humeur communicative. Bavarde et malicieuse, la jeune Allemande aime échanger avec son public qui lui rend bien. Difficile en effet de ne pas être sensible à sa douceur, son élégance et aux bonnes ondes qui, elles aussi, ruissellent sur la foule. À l’horizon, une mer de parapluies qui ondule, et en dessous, ça plie derrière le genou et ça foule des pieds l’herbe mouillée : la soul groovante d’Ayo portée par des musiciens aussi bons que généreux fait oublier la pluie… On est prêts à danser tête nue sous la pluie, à profiter du moment et en bons festivaliers qu’on est, on file avant la dernière note du concert pour prendre les meilleures places devant l’autre scène, coupant court aux applaudissements pourtant bien mérités. Consciente de cette réalité, la jeune folkeuse raille gentiment la capacité d’écoute du public de festival, pourtant encore assez attentif en ce début de soirée.

On ne peut pas dire du mal de Cats On Trees. Ce serait comme mettre un coup de pied à un chiot ou réveiller un bébé qui dort, c’est au dessus de nos forces. Les deux toulousains, humbles et généreux, constituent un duo piano batterie à la pop légère et candide, aux mélodies subtiles et entêtantes, d’autant plus que leurs morceaux sont quasiment tous des tubes, repris haut et fort par une grosse majorité du public. Leur musique est à l’image d’une porcelaine anglaise : élégante, belle mais si frêle qu’on en vient à regretter son mug laissé sur un coin du bureau. On a comme l’impression d’être redescendus d’un cran après Ayo et bizarrement, d’avoir mis les deux pieds sur le frein. À Terres du Son, comme partout ailleurs, passées 21h30 on a envie de faire la fête et de lâcher les chevaux. Alors dans la foule, ça renâcle et ça prend le mors aux dents, et comme une partie du troupeau, on fugue sous le chapiteau.

Pour remettre un coup d’accélérateur et remonter dans les tours, rien de mieux que Nasser. L’équation est plutôt simple et donc, comme souvent, assez efficace : prendre au rock et à l’électro ce qu’ils ont de plus puissant et de plus binaire pour en faire un son qui tabasse. Aucune hésitation, aucun complexe, c’est brut, dansant, grossier mais jamais bourrin. Tous les morceaux ont cette petite touche subtile, comme l’assaisonnement d’un bon plat, qui évite l’écueil du “déjà entendu”. Nasser, c’est l’élégance du boxeur.

Avec l’entrée sur scène de Woodkid, c’est le combo et on se prend un bon gauche-droite dans les dents. Soufflé par la beauté du show lumière millimétré et par l’esthétique architecturale grandiose des vidéos, on frissonne un peu devant tant de perfection froide et sans tache, devant cet univers visuel de marbre. Le son électro épique s’enrichit de cuivres et de percussions qui lui donne un côté martial, presque impassible. Et cette grandeur deviendrait même insensibilité sans la voix chaude, puissante et granuleuse de Yoann Lemoine. Elle est la fêlure dans la machine de guerre qu’est Woodkid, qui se permet même, et on apprécie, d’émailler son set de morceaux inédits. Rouleau compresseur de première, Woodkid nous laisse l’impression curieuse de s’être fait piétiner par l’ensemble du défilé du 14 Juillet et d’avoir adoré ça.

Le festival a donné carte blanche à Ez3kiel, Extended pour l’occasion, qui joue à domicile ce soir. Pourtant, impossible de se mettre dedans pendant les premiers morceaux, impossible d’évacuer la sensation de sauter à pieds joints sur le frein, impossible d’apprécier la décélération après la fusée Woodkid. Et objectivement, il y a tout pour plaire : des musiciens excellents, des instruments variés et atypiques (vibraphone, thérémine, scie musicale….), une qualité de son due à la présence sonore de ces instruments joués live et non samplés, un univers envoutant et mystérieux, servi par de curieuses vidéos… C’est un trip sans le hop qui ne réussi malheureusement pas à captiver le public dissipé qui préfère à la magie d’Ez3kiel Extended, la trivialité d’une incontournable tireuse à bière. Noyé dans la foule, la bière et l’insupportable file d’attente des toilettes, on assiste aux derniers morceaux de St Lô, cet ovni fusion, trip-hop rock énervé et couillu tout en restant classieux (subtile alchimie) avec le regret de ne pas y avoir passé plus de temps et l’envie de les voir à la rentrée.

Il y a d’un coup moins de monde devant la grande scène pour Breton, dernier groupe de la soirée, qui connaît un début de set pour le moins chaotique : son saturé de basses à en avoir la nausée, festival de pains, chute de Roman Rappak (au chant), les britanniques sont toujours aussi brouillons sur scène, dans leur son, dans la justesse… Et pourtant voilà, on aime leur énergie, on se prend au jeu, on danse, on se perd dans cette étrange maladresse qui fait précisément leur charme, imparfait certes, mais irrésistible. C’est ça le problème avec les chouchous, on leur passe toujours tout…

En évacuant le site, on passe devant le dance-floor de poche “Icart sur les chemins”, où se presse la foule des frustrés de l’ambiance en demi-teinte de cette soirée, pas si festive qu’on aurait pu le souhaiter.

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Textes : Margot Aymé
Photos : YAOF Design

Toutes les photos du festival par YAOF Design : ici
Site web du festival : www.terresduson.com

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